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Migrants Aident Migrants : genèse

Demba a créé l'association MAM - Migrants Aident Migrants à Huy il y a une dizaine d'années. Il nous raconte cette époque comme une étape parmi d'autres dans un parcours difficile mais riche, qui s'est joué avant tout en termes d'intégration sociale et culturelle. Il nous conte cette "découverte d'une autre monde". Extraits sonores.

Avant tout, il faut savoir que "Le simple fait d'être demandeur d'asile est un parcours du combattant" :

 

Entre autres obstacles rencontrés après l'obtention de son permis de séjour, Demba se heurte à la non-reconnaissance de son diplôme. De fil en aiguille, il atterrit dans une formation "Marketing be to be". On lui demande ce qu'il vient y faire. Il prend conscience que plus que tout il est en quête de clés d'intégration :

Demba enchaîne ensuite par un stage dans une grosse entreprise, où il continue d'en apprendre beaucoup sur les modes de communication et d'organisation à la belge. Petit à petit germe l'idée d'une association :

 

Cette envie d'association d'aide aux migrants émerge notamment d'une reconnaissance de Demba par ses pairs, comme une personne ressource. Les nombreux hôtes que son épouse et lui reçoivent au quotidien en témoigne :

 

Une fois créée, l'asbl se consacre à l'aide aux migrants dans leurs démarches administratives et de recherche d'emploi. Elle décroche de petites subventions et fait son petit bonhomme de chemin, de projets en projets durant quelques années avec des moments "qu'on oubliera jamais". Ensuite l'association doit  fermer ses portes parce que ses instigateurs ... trouvent un emploi.

 

Ils avaient longtemps espéré être engagé par leur propre structure, mais :

"Mais il y avait toujours cette difficulté d'aller trouver ce soutien, et surtout de se faire employer. Parce que de volontaire, on voulait passer à l'employabilité. Parce qu'un homme qui a faim comme on le dit en Afrique, n'a pas le temps de penser. Ou un sac vide ne tient pas debout. On a aussi nos vies de famille, on a beau vouloir être quelqu'un de bon cœur et de vouloir aider, ce n'est pas évident quand on a des exigences familiales et le quotidien est là. Et donc on avait fait des demandes ape à l'époque, jusqu'à avoir quelques accords de principe de l'inspecteur, .., Mais il nous fallait un local. La Ville nous en avait proposé un qui était loin, il fallait mettre une participation financière et on s'est dit :  est-ce que nous allons tenir ? Il y avait des moments de doute...

Demba a "le coeur brisé" de n'être pas parvenu à transmettre cette asbl, alors qu'il a ensuite, comme nous tous, été témoin de la crise de l'accueil de 2016...

Ces années de bénévolat ont été pour Demba un espace de formation et l'occasion de gagner en estime de soi :

Nous lui avons posé la question de la différence entre volontariat ici et là-bas, en Mauritanie. Ici, la solidarité est institutionnalisée, là-bas elle est naturelle, nous dit-il :

Il conclut : "Trop de réglementation tue la réglementation. Mais trop de désordre ce n'est pas bon non plus. Il faut trouver un juste milieu."

Ainsi, le côté "mécanique" des relations, induit par trop d'institutionnalisation, rend parfois la communication moins spontanée...

 

Pour conclure nous lui demandons s'il a un conseil à donner aux nouveaux-arrivants en matière d'engagement. Voici sa réponse :

Aller vers les gens. Ne pas attendre que l'info vienne chez toi. Si tu rencontres untel qui te dit : c'est par là, en hésitant, demande à d'autres.

Et garder confiance. Aujourd'hui je suis souvent le seul étranger dans une réunion de 30-40 personnes. Quand je vais en déplacement, on m'a accueilli plusieurs fois avec un "Monsieur le Forem est fermé aujourd'hui".