D'où vient cette idée ?
Le monde politique vise régulièrement à rentabiliser l’expérience volontaire en l’inscrivant dans une perspective de retour vers l’emploi. Cette vision repose sur une croyance : une activité bénévole permet d’acquérir des compétences et d’élargir son réseau donc de décrocher plus vite un job.
Dans un contexte où le nombre d'emplois est insuffisant pour répondre à la demande, le volontariat semble être la baguette magique pour "remettre sur pieds" des personnes inoccupées :
- pour les jeunes, à défaut de trouver de l'emploi, le volontariat leur est proposé comme plan B à côté de stages ou de formations ;
- pour les personnes bénéficiant du revenu d'intégration (CPAS), la Cour constitutionnelle a annulé le projet de "service communautaire"*, affirmant entre autres qu'il ne pouvait pas être assimilé à du volontariat : il présentait en effet un caractère "obligatoire", ce qui est contraire à la définition du volontariat.
- cela a aussi été envisagé pour les chômeurs de longue durée, même si ce projet n'a pas abouti.
| *En 2017 le gouvernement envisageait le "service communautaire" pour les personnes bénéficiant du revenu d'intégration. Le principe ? Laisser l'opportunité aux CPAS d'engager un allocataire pour prester une activité bénévole auprès d'une association ou institution dans le cadre de son PIIS (projet individualisé d'intégration sociale) devenu obligatoire. |
Pourquoi se méfier de cette idée ?
Aucune étude scientifique suffisamment large n'a démontré de lien de cause à effet entre volontariat et emploi. Certaines recherches ont pourtant été menées à ce sujet :
Gérard Bonnefon, chercheur français, ne s'est intéressé qu'à un faible échantillon et il n'est pas parvenu à démontrer que le bénévolat favorise l'accès à l'emploi. Selon lui, le chômeur est fragilisé par sa situation. Or, pour exercer du volontariat, il faut déjà avoir une certaine estime de soi, se sentir compétent afin d’aller proposer son aide dans une organisation.
Si le bénévolat peut aider à regagner confiance et tisser des liens, ce ne sont que quelques facteurs propices pour trouver de l'emploi. Pour lui, il est impossible de les dissocier d'autres éléments (vie affective, âge, niveau de diplôme...).
En 2017, l'ONEM a tenté de mesurer l’impact du volontariat sur l’accès à l’emploi pour les chômeurs. Étonnamment, leurs chiffres ont montré qu'un chômeur, en s'engageant dans le volontariat, retourne moins vite à l’emploi. Ce qui irait à l’encontre de l'hypothèse initiale, basée sur ce lien de causalité. Malheureusement, cette étude n'est pas fiable, étant donné une analyse statistique faible.
En conclusion, aucun lien de causalité ne semble établi entre le fait de s'engager comme volontaire et celui de trouver un emploi.
De notre point de vue, instrumentaliser le volontariat à des fins d’employabilité, c’est reporter le problème de l’emploi sur un acte fondamentalement différent. En effet, le volontariat est avant tout un acte tourné vers autrui.
Penser le volontariat dans des mesures d'activation individuelle, c'est l'éloigner de sa nature... et de ce qu'en pensent les bénévoles !
Si ce n'est pas un job, je gagne quoi alors ?
Les gains sont divers pour se sentir soi, libre de donner ce qu'on peut selon ses envies, ses talents, son temps.
- Rencontrer des gens, nouer des relations, tisser des liens
- Apprendre, vivre de nouvelles expériences
- Se sentir utile pour autrui, avoir une activité où on est reconnu
- Rendre ce qu'on a reçu, partager
- Défendre une cause, être solidaire, défendre ses convictions, idées, contribuer à la société
- Se sentir libre, donner du temps aux autres
- ...
Et, dans tous les cas, prendre du plaisir dans son volontariat, peu importe les autres gains accumulés !
Envie de parier sur un de ces gains ? Il y a sans doute une initiative ou une association qui n'attend que vous !
